L’abandon d’une partie de la réforme des arrêts maladie laisse les syndicats de la fonction publique sur leur faim

Si les syndicats se réjouissent de l’abandon de l’augmentation du nombre de jours de carence dans la fonction publique, ils regrettent que le gouvernement Bayrou compte toujours baisser le taux de remplacement de la rémunération des agents publics durant leurs arrêts maladie de courte durée.

Une première victoire pour les syndicats de la fonction publique, qui se réjouissent de l’abandon des 3 jours de carence pour les arrêts maladie des agents publics. Dans un courrier adressé au Parti socialiste, jeudi 16 janvier, le nouveau Premier ministre, François Bayrou, a en effet confirmé renoncer à l’augmentation du nombre de jours de carence initialement envisagée par le gouvernement Barnier et l’ex-ministre Guillaume Kasbarian. 

L’annonce de l’abandon de 2 jours de carence supplémentaires est un point positif”, estime ainsi Luc Farré, de l’Unsa, en mettant en avant une “petite victoire syndicale”. Cette annonce “est à mettre au crédit de la forte mobilisation des agents publics” lors de la journée de grève du 5 décembre dernier, estime Gaëlle Martinez, de Solidaires. “Ce n’est bien entendu pas suffisant”, ajoute-t-elle toutefois. 

Il faut aller beaucoup plus loin”, renchérit Stanislas Gaudon, de la CFE-CGC, en ciblant, comme tous les autres représentants du personnel, la baisse de 100 à 90 % du taux de remplacement de la rémunération des agents durant leurs arrêts maladie de courte durée (jusqu’à trois mois). Une mesure que le gouvernement Bayrou compte mettre en œuvre, à l’inverse de la hausse du nombre de jours de carence.

Une perte de rémunération qui ne passe pas

Les 3 jours de carence étaient la mesure “la plus violente directement, analyse Benoit Teste, de la FSU. C’est donc bien qu’elle ait été supprimée en priorité, le gouvernement ayant certainement mesuré le coût politique qu’aurait eu le maintien d’une mesure qui est très contestée et très mal ressentie par les personnels”. Mais pour ce syndicaliste, “il reste la baisse (du taux de remplacement), qui va avoir un impact négatif très fort, surtout sur les gens contraints de s’arrêter un peu longuement”. 

De son côté, Christian Grolier, de Force ouvrière, parle d’une “demi-avancée” et appelle au retrait de la deuxième mesure “stigmatisante” du plan de “lutte contre l’absentéisme” élaboré par l’ex-ministre Guillaume Kasbarian. Car selon lui, elle  impactera davantage les rémunérations des agents publics que des jours de carence supplémentaires. “En période d’austérité, de gel du point d’indice, de grilles smicardisées, de baisse des enveloppes de primes, il est inacceptable d’ajouter de la perte de rémunération en cas d’arrêt maladie”, souligne-t-il, en rappelant que la baisse du taux de remplacement permettra de dégager davantage d’économies – quelque 900 millions d’euros contre 300 millions environ, selon les calculs des inspections – que les 3 jours de carence. « Si la baisse du taux de remplacement est confimée, elle aura des conséquences non négligeables pour les agents publics, renchérit Pascal Kessler de la FA-FP. Certes, cette question parle moins au grand public que les jours de carence mais elle est extrêmement nocive pour les personnels de la fonction publique »

Nous ne nous lançons pas dans des concours entre mesures”, tempère quant à elle Mylène Jacquot, de la CFDT. Si elle acte “positivement” l’abandon des 2 jours de carence supplémentaires, elle appelle, comme ses homologues, au retrait de la baisse de l’indemnisation des arrêts maladie des agents publics, tout comme à la reconduction de leur prime de pouvoir d’achat, la Gipa, supprimée par Guillaume Kasbarian. Lors de ses échanges avec les syndicats, le nouveau ministre, Laurent Marcangeli, a évoqué l’hypothèse de revenir sur cette suppression et de recentrer la Gipa sur les seules catégories B et C. Les syndicats attendent désormais qu’il précise ses intentions. 

L’abandon des 3 jours de carence, “une annonce en trompe-l’œil”, selon Le Sens du service public


“Ce qui semble être une bonne nouvelle est, en réalité, une annonce en trompe-l’œil”, estime le think tank de hauts fonctionnaires Le Sens du service public, après l’annonce de l’abandon de l’augmentation du nombre de jours de carence. Comme les syndicats, le collectif cible le maintien de la baisse du taux de remplacement de la rémunération des agents publics en arrêt maladie. Cette mesure “viendra d’abord pénaliser les agents publics et notamment ceux en arrêts maladie ordinaire plus longs”, analyse-t-il dans un communiqué, où il évalue à 6,71 euros par jour d’arrêt la perte salariale pour un agent de catégorie C. À cela viendraient s’ajouter 67 euros de perte au titre du jour de carence existant, soit une perte salariale totale de 73,7 euros pour le premier jour de maladie ordinaire. Pour les catégorie B, cette perte serait en moyenne de 84 euros et pour les catégorie A, de 110 euros, a calculé Le Sens du service public.